« Un “IPE” n'a que peu de chances d'avoir des résultats à la hauteur de son inséminateur »
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“Inséminateur depuis quatre ans dans un CIA breton, j'ai lu avec attention votre dossier intitulé : « L'insémination : un geste à la portée des éleveurs » (L'Éleveur laitier n° 202 de mai 2012). Le thème est bien d'actualité. Je le constate régulièrement dans la campagne. Il existe même une certaine émulation chez les jeunes éleveurs qui placent cet apprentissage comme l'un de leur prochain objectif. L'éleveur se « professionnalise » et je comprends tout à fait sa démarche dans le contexte actuel. Après ce constat et par ce courrier, je souhaite défendre mon métier.
J'observe tout d'abord que vous vendez simplement l'insémination par l'éleveur (IPE). Il ne suffit pas de suivre « une petite formation » pour devenir inséminateur. Le raccourci sera fait par les éleveurs et je le déplore. Depuis ma formation, j'ai acquis un savoir-faire et mes collègues et prédécesseurs m'ont transmis le leur. En partie. Le terme employé « pousse-paillette » est de ce point de vue péjoratif et complètement irrespectueux. Un IPE n'a que peu de chances d'avoir des résultats à la hauteur de son inséminateur, qui plus est dans des conditions identiques d'insémination. Mais j'anticipe votre réponse : ce n'est pas son but ! L'argument « on sait de moins en moins à quelle heure [l'inséminateur] va passer » inciterait l'éleveur à inséminer. C'est là offrir à vos lecteurs une image erronée de notre métier. La régularité des horaires de passage est ma (et notre) préoccupation quotidienne, car elle est déterminante dans la qualité du service que nous apportons.
Les éleveurs qui se sont lancés dans l'insémination dans notre zone étaient d'ailleurs très exigeants sur les horaires de passage et nous y étions donc très attentifs. Ce qui ne les a pas empêchés de sauter le pas et, pour une part d'entre eux, de revenir. Je ne vois pas d'ailleurs de contre-exemple avec des témoignages encartés « L'échec est toujours possible ». Si les organismes de formation à l'IPE ne peuvent pas vous transmettre de coordonnées, contactez-moi. De même, si vous souhaitez obtenir des témoignages d'éleveurs satisfaits (non-administrateurs, cela va de soi !) faisant appel à nos services et obtenant d'excellents résultats de reproduction sur leur troupeau (car ils existent !)
Je ne crois pas à la démarche philanthropique des structures qui forment les éleveurs à l'IPE. Certains n'ont pas la réputation de vendre une banque vide. Vous n'avez pas abordé leur partenariat avec les coopératives étrangères vendeuses de semences.
Dans l'infographie publiée dans votre dossier, vous n'avez pas pris en compte le coût de la semence.
C'est pourtant ce qui différencie le coût de l'IA entre les coopératives d'insémination en France et les centres étrangers. Chez ces derniers, à génétique équivalente, le coût de la paillette est, je le crois, plus élevé (sauf pour le produit d'appel BBB à 1 €). Vous pouvez le vérifier facilement à l'URCEO : pour trois IA, le coût de la semence est, au 1er janvier 2012, de 22,65 €, soit 7,55 € la paillette d'un taureau holstein élite… Comparez aux tarifs étrangers, avec notre catalogue actuel, nous n'avons pas à rougir ! L'intérêt économique n'est donc pas aussi justifié. J'espère avoir bénéficié d'un peu de votre attention. Je voulais vous faire part de mes impressions sur cet article que je considère malheureusement à sens unique, même si ce point de vue d'inséminateur a un risque certain d'être classé dans le dossier sans suite avec les courriers « de mauvais augures et de découragement des candidats à l'IA » ! Bien cordialement.”
BERTRAND CARO, INSÉMINATEUR À L'URCEO
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